Ainsi, il ne s’agit pas de codifier des règles poétiques, d’offrir aux écrivains un dictionnaire de rimes, mais d’inventer, selon l’expression de Guillaume Apollinaire, des prosodies person­nelles. Ainsi, idéologiquement, se justifie le recours au Moyen Âge, et plus particulièrement à la poésie du XIIIe siècle : c’est dans le patri­moine littéraire que le poète « à la recherche d’un langage qui soit celui de notre temps, de notre peuple, et à la fois de la plus haute vague » (Œuvre poétique, t. VI édition de 1990) trouvera des res­sources, quand la liberté est en danger et que règne la censure. Et Aragon, tel « le prestidigitateur qui brûle ses tours sitôt faits » (p. 19) ne craint pas, dans sa préface aux Yeux d’Eisa, de livrer le secret de son art au public, ni de montrer comment il a composé une strophe en renchérissant sur les règles de la prosodie. Il est d’autres valeurs dont Aragon qui se veut l’émule des troubadours et des chevaliers proclame la pérennité. Déjà, dans son article, « La Rime en 1940 », publié en préface au Crève-Cœur, il affirme la nécessité pour les poètes de « mainte­nir, même dans le fracas de l’indignité, la véritable parole humaine » ; de « faire chanter les choses », à une heure où l’homme « est profondément humilié, et plus entièrement dégradé que jamais ». « O revenants bleus de Vimy vingt ans après / morts à demi, je suis le chemin d’aube hélice qui tourne autour de l’obélisque et je me risque / Où vous errez Malendormis Malenterrés » (« La Nuit de Mai », p. 58), Le poème propose, ainsi, une double lecture qu’explicite Aragon (pp. Chaque texte met l’accent sur des aspects différents de la poétique préconisée par Aragon et nécessite la recherche de clefs particulières. C’est à ce poème, d’ailleurs, qu’Aragon, à titre de raillerie, emprunte le décor, « la fontaine », et ses environs, et on y retrouve le mythe de Narcisse puisque l’eau est tour à tour, comme chez Paul Valéry, reflet et miroir : « Doux mentir de tes eaux poésie ô miroir Fable entre les roseaux »... (p. 81). (« La constellation », p. 100). « Richard Cœur de Lion » reprend le cri d’un prince captif au retour de la croisade, privé — comme Louis Aragon — de toute possibilité de s’exprimer autrement qu’à mots couverts : « Je ne dois pas dire ce que je pense,/  Ni murmurer cet air que j’aime tant. Dans ce poème, on peut lire ces quelques vers : « Il y a dans le vent qui vient d’Ailes des songes Qui pour en parler haut sont trop près de mon cœur Quand les marais jaunis d’Aunis et de Saintonge Sont encore rayés par les chars des vainqueurs » (p. 84). Lisez « Les Yeux d'Elsa de Louis Aragon Les Fiches de lecture d'Universalis » de Encyclopaedia Universalis disponible chez Rakuten Kobo. Les Yeux D'Elsa book. Par delà le message politique, l’écrivain prétend édicter un « code d’honneur et d’espoir » pour redonner courage à tous les « géants humiliés », à ces « millions d’Archimèdes » de qui la France attend la venue (« L’Escale », p. 57). (raison de l'abus) : Corrigé de 1808 mots (soit 3 pages) directement accessible, Le corrigé du sujet "Les Yeux d'Elsa d'ARAGON (Analyse et résumé)" a obtenu la note de : aucune note. L’importance de son rôle est soulignée par la pluralité des termes qui la désignent : « veuve », « aronde », « hirondelle », « Andromaque du vent » et « Chimène ». Et si Louis Aragon préconise le modèle du « clus trover », de « l’art fermé » prôné par Arnaud Daniel, ce n’est pas dans le but de privilégier l’hermétisme de l’expression poétique au détriment de la clarté du sens, c’est, bien au contraire, pour donner à « chaque mot une importance exagérée » qui attirera l’attention du lecteur et fera appel à sa perspicacité. 4. Car le texte devient l’agent de la contrebande politique et surtout nationale. Il est « l’espoir qui dit “ À suivre... ” au bas du feuilleton sinistre de nos pas » (« Ce que dit Eisa », p. 104). Mais pour lui refuser le droit d’aimer la France il vous faudrait savoir que vous n’y pouvez rien » (p. 83). Tous droits réservés. Encore, fallait-il qu’elle fût entendue ! 122-123, Seghers). Ma place de l'Etoile, à moi, est dans mon cœur, et si vous voulez connaître le nom de l'étoile mes poèmes suffisamment le livrent ". Louis Aragon revient dans ce recueil à une simplicité des images et des rythmes, loin des provocations de ses recueils précédents, pour montrer le lien entre son lyrisme personnel et son engagement poétique [ 4 ] . L’exhortation de Louis Aragon s’adresse aux poètes qui, renon­çant aux « mots bleus dont nous nous grisons », sont invités à choi­sir une « poésie active », selon l’expression de Dominique Arban, et à inventer un langage adapté aux combats et à la révolte, un langage communicable à tous : « Il faut une langue à la terre Des lèvres aux murs aux pavés Parlez parlez vous qui savez Spécialistes du mystère Le sang refuse de se taire » (p. 77). Inscrivez-vous à la newsletter Interlettre et soyez informé des dernières publications du site, Fiche sur Les Yeux d'Elsa d'Aragon: analyse et commentaire. À la gloire de la femme aimée, Aragon, le dernier poète courtois, a composé ses plus merveilleux poèmes. " Le rythme musical emporte le poète en une folle orchestration dans ce poème « Elsa-Valse » où l’impression typographique détache les séquences : « Cette valse est un vin qui ressemble au Saumur,/ Cette valse est le vin que j’ai bu dans tes bras » (« Elsa-Valse », p. 110). / Comme un petit d’une lionne, il m’arrache à la terre aux patients raisins ». Dès lors, sa vie et la Résistance se trouveront mêlées. Les Yeux d’Elsa est un recueil de poèmes publié en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale. Curieusement, alors qu'Elsa fait dans ce recueil son apparition dans la poésie d'Aragon, plus seulement comme destinataire mais comme nom et mythe poétique, le couple traverse une crise profonde sur laquelle P. Daix, dans sa biographie (pp. L’emploi de la métaphore « veuve » entraîne tout un réseau d’images comme « refus », « deuil », « fidélité ». « Chant », « chanson », « complainte »... le champ lexical se poursuit tout au long du recueil pour qualifier l’art du poète. Louis Aragon (Auteur principal) ... Résumé . Le cinquième, « Langage des statues », paraîtra plus tard, en 1943, dans En français dans le texte (Éditions Ides et Calendes). Ainsi écrit-il « en première ligne » selon l’expression de Valère Staraselski. Ainsi, à l’initiative de l’amiral Esteva qui pensait naïvement soutenir le prestige de la France devant la Commission d’armistice alle­mande, paraît, dans un journal de Tunis, le poème « Plus belle que les larmes ». Et Aragon clame sa révolte : « Ah c’est fini Repos qui de vous cria Non Au bruit retrouvé du canon Faux Trianon D’un vrai calvaire à blanches croix et tapis vert », (« La Nuit de Mai », p. 58, Édition Seghers). Dans un pays ravagé par la guerre, « donner voix aux morts, aux vivants et plonger ses doigts dans la cendre y débâillonner les grillons » (p. 77), tel est le devoir de chaque poète. Votre email : Tourbillon des rimes, des sonorités, variété étourdissante des strophes utilisées, tels sont les ressorts de « cette poésie ardente » pour reprendre l’expression d’Apollinaire. Ces événements dramatiques — et surtout l’encerclement dans la poche de Dunkerque (qu’il racontera plus en détail dans son roman autobiographique Les Communistes) — inspirent et expli­quent certains poèmes du recueil, comme « La Nuit de Dunkerque », l’évocation dans « Plus belle que les larmes » de « Ce reflet des flammes de l’enfer Que le faro du Nord à tout jamais saoula ». Il s’identifie à Lancelot, chevalier de la Table Ronde amoureux de la reine Guenièvre, pour vouer à la France même fidélité : « Et pauvre qu’elle soit je porterai sa traîne, je n’ai d’autre azur que ma fidélité » (Lancelot, p. 91). Évoquant les figures de Lancelot du Lac et de Perceval, Louis Aragon y voit « la sublimation, le per­fectionnement aussi de cette morale courtoise qui devait gagner l’Europe à la France » (p. 126). Brève « escale » en Angleterre avant son rapatriement en France où, le 19 juin, il traverse la Loire avec son régiment, à Angers, aux ponts de Cé. « Je ne pense pas que l’on puisse comprendre quoi que ce soit de moi si on omet de dater mes pensées et mes écrits. C’est l’emploi des distiques qui dans « La Nuit de Dunkerque » permet, à la manière des impressionnistes, une suc­cession de tableaux qui se déroulent devant les yeux du poète : « Dans la mer où les morts se mêlent aux varechs, les bateaux ren­versés font des bonnets d’évêque » (p. 39), « Il monte dans le soir où des chevaux pourrissent comme un pié­tinement de bêtes migratrices » (p. 39). Ainsi, dans cette strophe extraite du poème : « Plainte pour le grand descort de France », les reprises anaphoriques des mêmes tournures syntaxiques, le réseau des assonances prolongent la mélancolie de la complainte : « S’il se pouvait un chœur de violes violées S’il se pouvait un cœur que rien n’aurait vieilli Pour dire le descort el l’amour du pays S’il se pouvait encore une nuit étoilée S’il se pouvait encore » (Plainte pour le grand descort de France, p. 67). « Lancelot », reprenant la légende du « chevalier à la charrette » inventée par Chrétien de Troyes, est un prétexte pour affirmer la fidélité du poète à une Dame aux couleurs de la France : « On me verra trembler mais non pas lui faillir » (Lancelot, p. 74). Dans le premier essai, ce qui revient à la mémoire de Louis Aragon stationné à Ribérac et qui, à l’annonce de la signature infamante de l’armistice par le maréchal Pétain, cherche une « issue pour revoir les étoiles » (p. 117), c’est le nom d’Arnaud Daniel, poète en langue d’oc, cité dans « le Purgatoire » de Dante comme le troubadour de la poésie courtoise, la fin amor. Poème que sa femme et muse, Elsa Triollet, lui inspira durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il prenait part à la Résistance en tant qu'intellectuel. Car déjà, renaissent les idéologies trom­peuses et s’élèvent les voix des faux prophètes : « Il se fait de nos jours de folles chanteries on dirait que le ciel est troué de clameurs », « Honte au penseur qui se mutile, /Et s’en va, chanteur inutile,/  Par la porte de la cité ! Le Fou d'Elsa est le dernier poème de taille importante - et le plus volumineux de tous - d'Aragon. La guerre évoquée par le poète n’est pas celle qui appelle le guerrier à l’héroïsme ou flatte les vertus des conquérants. C’est par son chant repris par les vaincus que le « poète-vigie » de l’Escale exhorte les Français humiliés : « Ah soulevez le ciel millions d’Archimèdes Qui chantez ma chanson géants humiliés » (p. 57). Tandis qu’à Paris, Drieu La Rochelle pend la direction de la NRF et interrompt la publication des écrits d’Aragon, le poète, après un bref séjour à Varetz, partira avec Eisa à Carcassonne où séjournent nombre d’écrivains et où il rencontre Pierre Seghers. Commentaire composé du poème Les Yeux d'Elsa, de Louis Aragon. Quantity available: 1. Ce n’est pas la recherche gratuite d’un poète érudit, mais le désir de forger un instrument répondant mieux aux exigences du moment : « Une lettre de plus à la rime, c’est une porte sur ce qui ne se dit point » écrit-il dans son essai la Rime en 1940, en préface au Crève-Cœur. Les yeux d'Elsa, est un poème de Louis Aragon. Alors que René Char choisit de garder le silence et de lutter dans le maquis du Vercors, les armes à la main, Aragon fait de sa poésie une arme redoutable dans la lutte contre l’occupant. Eléonore d’Aquitaine, bannie de France, est l’emblème de la liberté après quoi les poètes soupirent. Dans un poème plus acrobatique, Louis Aragon, pour évoquer le désarroi et la déroute, joue sur une reprise homophonique dont le retour lancinant est accentué par la brièveté du mètre choisi : l’octosyllabe : « J’ai traversé les ponts de Cé C’est là que tout a commencé », Parfois, la strophe se fait plus savante, comme dans le poème « L’Escale », composé de huitains sur un système de deux rimes embrassées, mais disposées en chiasme (abba/baab) :  « Les voyageurs d’Europe entre eux parlaient d’affaires, Les yeux de la vigie adoraient l’horizon Dans la cale où valsaient d’obscures salaisons Le rêve des mutins se tordait dans les fers Oublions qu’ils ont soif puisque nous nous grisons Sur le pont promenade on joue un jeu d’enfer Des marchands de bétail que les vents décoiffèrent En quatre coups de dés perdaient leurs cargaisons »        (« L’Escale », p. 56). La vie et l’œuvre sont étroitement liées, et l’on ne peut comprendre l’une sans l’autre. Ce qui suit est ce que nous pouvons partager liés les yeux d elsa aragon texte que collecter. Avec ses amis Jean Paulhan, Joë Bousquet et Julien Benda, Louis Aragon collabore à la revue Poésie 40, bientôt censurée par Vichy. Les Yeux d’Elsa, rassemblant des poèmes de dates diverses, ont été publiés, au plus fort de la guerre, le 15 mars 1942 à Neuchâtel, en Suisse, dans Les cahiers du Rhône. Apologie de crimes contre l'humanité Angoissé, il attribue à Elsa une fonction protectrice. / Les cloches des noyés dans ses eaux tourbillonnent. Et, après avoir fustigé l’individualisme ou l’égotisme, incarnés par Maurice Barrés et André Gide, le poète réclame le droit de s’inspirer du Moyen Âge, non pour fuir le présent, mais « en un temps de valeur méconnue » pour proclamer sa fidélité à un héroïsme dont témoignent « des milliers d’exemples vivants » : « C’est eux que je salue en Perceval, le chevalier Vermeil » (p. 138). Il dissimule ainsi son véritable engagement sous les vers de nombreux poèmes lyriques. » (.Fonction du poète, Victor Hugo, Tome VI p. 27, Éd. From: Librería Maldonado (Palencia de Negrilla, SALAM, Spain) Seller Rating: Add to Basket £ … Cette voix - parmi bien d’autres - fut celle d’Aragon à une époque où des écrivains sont exécutés par les forces d’occupation. Les mains d’Elsa Louis Aragon, Le Fou d’Elsa Ce poème est écrit au nom d’une femme, par l'évocation de ses mains. Et que je me souviens de Dunkerque Messieurs » (p. 82). Renouer avec le passé culturel de l'a nation pour combattre l’idéo­logie. En parcourant le recueil, un lecteur attentif trou­vera plusieurs exemples de ces emprunts et de ces imitations, guidé en cela d’ailleurs par Aragon lui-même, multipliant les notes explicatives — autant de points de repères — au bas de sa préface. Incitation é la haine raciale Ces sources d’inspiration et ces préoccupations d’un écrivain attentif à son art éclairent la composition du recueil. « La brume », « Le silence », « La nuit » enveloppent le champ de bataille ; les soldats égarés ressemblent à des « spectres ». Read 16 reviews from the world's largest community for readers. Plusieurs textes importants sont écrits, à ce sujet, au moment de la guerre. L’adoption de cette forme poétique, esquissée déjà dans un poème du Crève-Cœur : « Les Croisés », n’est pas uniquement le résultat de la pression des circonstances, mais celui d’un travail de longue haleine. Tous ces poèmes écrits la même année révèlent, comme l’écrit Wolfgang Babilas dans son excellent article consacré à la lecture d’un poème poétologique d’Aragon : « Contre la poésie pure », que l’écrivain parie pour « une poésie de la vie, de la réalité qui est dans les circonstances données, une réalité sanglante ». Le Club), « Roucoule oiseau tandis que le bateau se fend » (Les Yeux d’Eisa, Louis Aragon, p. 90). » (p. 73), Mais sa chanson « pure comme l’eau fraîche », « blanche à la façon du pain d’autrefois » (p. 74), franchira les murs de la prison pour porter son message à tout un peuple, celui des « bergers », des « marins » et des « mages »... qui répondra « au chant de Richard Cœur de Lion » (p. 74) et, « Quel que soit le nom dont nous l’appelions, / La liberté comme un bruissement d’ailes Répond au chant de Richard Cœur de Lion ». « Ah sourdra-t-il de la bataille une mélodie à la taille immense de nos horizons »  (Pour un chant national, p. 77). Suivront notamment Les Yeux et la Mémoire (1954), Le Roman inachevé (1956), Elsa (1959), Le Fou d'Elsa (1963), Il ne m'est Paris que d'Elsa (1964). L’hirondelle ne saurait se laisser séduire par « l’aigle » en qui l’on peut voir le porte-parole de la « poésie pure », ou même le représentant de l’Empire allemand visant à gagner les écrivains à une collabora­tion intellectuelle avec l’idéologie nazie : « Au fond des asphodèles L’aigle fait rossignol chante pour l’hirondelle Un long minuit de vers luisants » (allusion métonymique à l’uni­forme des soldats allemands ? « La leçon de Ribérac ou l’Europe française », rédigée en juin 1941 et mise en appendice du recueil Les Yeux d’Eisa (Seghers), ainsi que la préface à ce même recueil datée de mars 1942 et intitulée, reprenant le vers de Virgile qui débute L’Enéide, « Arma virumque cano », puisent à cette source le modèle d’une « poésie nationaliste du vers » (p. 24). Or ce que l’amiral ignore c’est qu’il s’agit là d’une riposte aux attaques virulentes de Drieu la Rochelle contre « l’équipe de mal­faiteurs » qui aurait « fonctionné » dans la littérature française de 1909 à 1939 et plus particulièrement contre Louis Aragon, quali­fié de « Chevalier Rouge », à une époque où le marxisme est puni de mort ! Autre Dans ce poème, la forme classique du vers, le martèle­ment des mots scandent la conviction de l’écrivain, usant du pro­cédé le plus souvent utilisé par ceux qui ont redouté la censure, l’ironie ou l’antiphrase : « 11 paraît qu’en rimant je débouche les cuivres et que ça fait un bruit à réveiller les morts » (p. 82, Seghers). Les Yeux d'Elsa / Aragon Résumé non disponible — BNFA, Bibliothèque Numérique Francophone Accessible Plusieurs personnes s’en sont scandalisées ». Poésie complexe à l’extrême que celle d’Aragon ! « La liberté comme un bruissement d’ailes / Répond au chant de Richard Cœur de Lion » (« Richard Cœur de Lion », p. 74). Pour échapper à la censure, Louis Aragon adopte une réforme poétique qu’il appelle la « poésie de contrebande ». Une poésie de combat et « de contrebande ». Les Yeux d’Elsa ?Louis ARAGON, 1942, Seghers Posted on 18 septembre 2020 | By devoirdp Aragon a rassemblé ici des poèmes écrits de décembre 1940 à février 1942 dans la douleur de la défaite, et pour affirmer la résistance nationale à l’invasion allemande. C’est un message politique où Louis Aragon proclame sa fidélité aux valeurs de la culture française et met tout écrivain en demeure de prendre parti devant les « orages » qui s’abattent sur son pays. Bien plus tard, dans France Nouvelle, en octobre 1959, Aragon explique les raisons de son engagement : « J’étais à peine arrivé à Carcassonne, redevenu civil, que j’y rece­vais la visite de Pierre Seghers venu d’Avignon ; il venait tout natu­rellement me demander ce qu’il fallait faire, et déjà nous établis­sions un plan pour entraîner les écrivains dans cette lutte sourde qui commençait. 133-134) et qui fut à l’origine du Roi Arthur et des mythes de la Table Ronde. Les Yeux d'Elsa, un petit livre composé d'une préface, de vingt-six poèmes, d'un appendice, qui reprend en 1975 , plusieurs textes publiés au fil du temps, entre 1940 et 1942 dans diverses revues , y compris à l'étranger pour échapper à la censure (Cahiers du Rhône, … Hardcover. L’incarnation de cet idéal courtois c’est la figure légendaire de Perceval, « porteur de vérité », « le chevalier aux Armes vermeilles » (p. 135) qui peut servir de modèle aux combattants. Dans cette prosopopée, un pathétique dialogue se noue entre la France et la « vigie » : « Va dire au monde sourd qu’une seule Andromède Qu’il croit au cœur des mers à jamais oubliée Peut esclave mourir à son rocher liée » (p. 57). Contexte. innovations, la poésie s’affirme, avant tout, comme l’art du lan­gage : « il n’y a poésie qu’autant qu’il y a méditation sur le langage, et, à chaque pas, réinvention de ce langage » (Les Yeux d’Eisa, pré­face). « Ce que dit Eisa » laisse la parole à la femme, inspiratrice du poète, qui condamne l’obscurité de ses références poétiques empruntées aux chansons de geste : « laisse là Lancelot laisse la Table Ronde Yseut Viviane Esclarmonde » (p. 103). La démarche de l’écrivain est de rendre la poésie émouvante grâce aux ressorts du métier poétique. / Ce Saint Laurent pressant le Niagara voisin. Elle lui conseille de renouer avec des sujets plus simples : « un ciel pur », « un enfant », « un chant dans la rue », « une fleur dans les prés » (pp. Résumé du document. Atteinte aux droits des marques (Les Yeux d’Eisa, p. 82, Éditions Seghers) Dans « La Nuit de Mai » les souvenirs de la guerre de 1914-18 et de la débâcle de 1940 interfèrent à travers la mémoire hallucinée du poète : « Interférences des deux guerres je vous vois Voici la nécropole et voici la colline Ici la nuit s’ajoute à la nuit orpheline Aux ombres d’aujourd’hui les ombres d’autrefois ». Dans cet univers où tout se défait, la nuit symbolise le retour au chaos ; et l’ellipse du verbe dans le dernier alexandrin rend plus saisissante l’évocation d’un Enfer où s’égarent les survivants. Il s’inscrit pourtant dans une réflexion sur la poésie, que Louis Aragon poursuit depuis son entrée en littérature, sans rompre pour autant avec les exi­gences de son engagement politique. Très franco-français et ancré dans le contexte de la situation française lors de la 2ème guerre mondiale. C’est dans un tel contexte qu’il écrira le poème intitulé « Plus belle que les larmes » qui sera diffusé par la radio de la zone occupée un matin d’octobre 1941. Il comprend 21 poèmes publiés entre 1941 et 1942, dans l’ordre de parution. Car c’est de l’appel au peuple de France que retentissent les vers d’Aragon, comme dans le poème « Richard Cœur de Lion » où le chant du captif, comparé à l’étoile de Bethléem, s’adresse à « tous les bergers les marins et les images » (p. 74) pour les appe­ler à la résistance. Descriptif : L'entretien préparé comprend une série de 8 questions sur Aragon. Telle l’étoile de Bethléem. Autre modèle encore choisi par Aragon pour s’opposer à Jean Giono qui avait déclaré préférer « vivre à plat ventre » à résister, celui de Chrétien de Troyes, créateur du « roman » où fusionnent « l’amour provençal » et la « légende celtique », « miroir de la société féodale française, de ses mœurs, de ses grandeurs et di­ses faiblesses » (pp. écrivit L. Aragon, en 1942, dans l'introduction de la première édition de ce recueil. Publié le : 30/10/2010-Format: Zoom. Il suffit de multiplier les rimes intérieures, soit dans un même vers, soit tout au long d’une strophe pour pallier l’insuffisance de certaines rimes. Puis, c’est la retraite, le repli sur Dunkerque et l’encerclement. « Je n’ai rien demandé à ce que je lis que le vertige », voilà ce que déclare Louis Aragon, au début de son essai J’abats mon jeu (Éd. Il s’agit de se battre sur deux fronts : répondre aux attaques des néo-nazis et inciter les écrivains à entrer en lice pour participer à « ce grand tournoi » en l’honneur de la France. Ainsi, adoptant des figures de l’Histoire ou de la Légende, Aragon peut faire comprendre aux Français les enjeux de l’occupation : « À partir de là j’ai pu commencer à parler aux Français, sans être gêné par le gouvernement de Vichy, me servant de moyens qui, considérés comme traditionnels, semblaient pour cette raison ne pas tomber sous le coup des lois. Foin des détracteurs de la rime, « ces ignorantins qui croient qu’on joue du piano avec des pédales » (p. 15). Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux … Livre : Livre Les yeux d'Elsa de Louis Aragon, commander et acheter le livre Les yeux d'Elsa en livraison rapide, et aussi des extraits et des avis et critiques du livre, ainsi qu'un résumé. Retiré à Nice, dès le 31 décembre 1940, le couple Aragon - Eisa Triolet renoue avec le parti communiste clandestin par l’intermédiaire de Georges Dudach dépêché depuis Paris. ... J'y ai moins accroché que d'autres célèbres poèmes d'Aragon comme le Fou d'Elsa. Placée sous l’égide d’Elsa Triolet, sa compagne d’origine russe et elle-même écrivain, la poésie de Lou… C’est dans ce contexte que se justifie l’écriture de cinq poèmes où, reprenant la tradition de la poésie didactique, il expose le rôle et les devoirs d’un écrivain dans un pays privé de liberté. Le poète, comme l’« aronde », rejette, non seulement les séduc­tions idéologiques de l’ennemi, mais aussi l’attrait d’une poésie indifférente à l’égard des événements et susceptible de se mettre au service de l’occupant. Il naît dans la libération de l’imagination, dans l’initiative laissée aux mots soudainement rassemblés, comme dans ce quatrain des Yeux d’Eisa, inaugurant le recueil : « Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire / J’ai vu tous les soleils y venir se mirer / S’y jeter à mourir tous les désespérés / Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire »  (.Les Yeux d’Eisa, p. 35). Elsa Triolet apparaît dans la poésie de Louis Aragon avec le recueil Le Crève-cœur [1].Elle est également le sujet des recueils Cantique à Elsa (1941), Les Yeux d'Elsa (1942), Les Yeux et la Mémoire (1954), et par la suite du Fou d'Elsa (1964), constituant le « cycle d'Elsa ».. Louis Aragon est, en 1959, toujours un intellectuel-phare du communisme français. Type d'abus : 103-104), Dans ce texte s’opposent les métaphores désignant la poésie épique, « l’orchestre des tonnerres », l’éclat des « cuivres », dont Aragon aime faire résonner son chant, et les accents d’une poésie lyrique naissant de la souffrance même du poète exifé : « Que ton poème soit le sang de ta coupure / Comme un couvreur sur la toiture/ Chante pour les oiseaux qui n’ont où se nicher »  (« Ce que dit Eisa », p. 104).