Je peux lutter, organiser des manifestations, des piquets de grève, chercher des médicaments, rendre visite aux enfants malades, mais je ne peux écrire. Il a une énorme fente en guise de bouche et pas d’oreilles. On nous emmenait dans la région de Leningrad. Les Grecs, eux, avaient des dieux gais, rieurs. siècle. Author pages are created from data sourced from our academic publisher partnerships and public sources. Nous n’avions plus besoin de la vérité. , ne pouvions pas admettre l’existence de forces surnaturelles. À 15h30, nous avons appris qu’il y avait eu un accident à la centrale de Tchernobyl… Le soir, pendant la demi-heure de trajet de retour à Minsk, dans l’autobus de service, nous avons gardé le silence ou parlé de sujets extérieurs. » J’ai demandé aussitôt (. Nous avions tous fait des stages de défense civile. Nos petits-enfants n’auront pas de quoi régler tous les comptes… Je ne suis pas ivre ! Tout cela m’a mis la cervelle sens dessus dessous. Pendant tout le spectacle, ils attendaient un miracle. Non, ce n’étaient pas des criminels, mais des ignorants. Près de Moguilev ! J’expliquais aussi comment le boire de manière correcte. [1] Svetlana Alexievitch , [1997]. Mais il suffisait de prendre la réalité telle qu’elle était. Il m’annonça en passant en passant que, pour le Premier Mai, il emmenait ses enfants chez ses beaux-parents, dans la région de (178) Gomel… À un jet de pierre de Tchernobyl ! » (211) Sliounkov me répondit qu’on lui avait déjà fait un rapport, qu’il y avait bien eu un incendie, mais qu’il avait été maîtrisé. Mets des gants de caoutchouc et essuie tout ce que tu peux avec un chiffon humide. Notre prof disait que trois pièces de monnaie contiennent assez d’énergie pour faire fonctionner une centrale électrique. Ils combattent le réacteur ! Et le parquet. Deux femmes se sont lancées dans une grande discussion. Il est probable que, si on les interroge, les gens conçoivent les mêmes images de l’apocalypse : explosions, incendies, cadavres, panique. Vous pouvez regarder avec profit la série Tchernobyl qui s’inspire de La supplication. Il y a un monstre : la guerre. Nous avions un contrat avec l’Institut de physique nucléaire pour l’analyse de nos terres. La ville était en possession de 700 kg de ces préparations qui sont restées dans les entrepôts. « Qu’avez-vous besoin de savoir ? Notre avenir… Je suis un homme de mon époque, pas un criminel. Les mots « grandiose » ou « fantastique » ne parviennent pas à tout retranscrire. Ils débarquent avec un magnétophone ! Avant, je n’avais jamais fait de photos. On les vendait aux kolkhozes, mais ceux qui en voulaient pouvaient les prendre pour leur consommation personnelle. Même quand on frôle la mort… ». On nous distribuait des tabliers de caoutchouc recouvert d’une pellicule de plomb pulvérisé. Au retour d’une mission, mes dossiers avaient disparu. Il tenait une pancarte : « Donnez de l’iode au peuple ! Sur l’avenue principale, on vendait des pirojki farcis à la viande hachée, des glaces, des petits pains. Mais personne ne nous écoutait, nous autres, les scientifiques, les médecins. Il fallait une autorisation spéciale, on confisquait les appareils. Il faut préserver les faits. Questionnaire de lecture, 2e partie, Programme national des œuvres pour l’enseignement du français pour l’année scolaire 2020-2021 (documents). Ils continuaient à ramasser des bûches en cachette, à arracher des tomates encore vertes pour en faire des conserves. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Il y avait installé son matelas et son oreiller. La Supplication de Svetlana Alexievitch, « J’ai lu »; Le Gai Savoir, Avant-Propos + Livre 4, de Nietzsche, GF, Traduction Wotling,; Les Contemplations, Livres 4 et 5, Victor Hugo (édition libre). S’il n’y avait pas eu Tchernobyl ! C’était désormais notre vie. Des slips de plomb ! Nous entrons dans une maison pour demander de l’eau. La population avait reçu des doses de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieures à celles des soldats qui gardent les zones d’essais nucléaires ! Il suffisait qu’on dise : « Camarades, ne cédez pas aux provocations, tonnait la télé, jour et nuit » et les doutes se dissipaient… La compréhension philosophique de Tchernobyl est encore devant nous. Mais maintenant, après Tchernobyl, tout a changé. On ne croit pas les autorités, on ne croit pas les médecins, mais on n’entreprend rien soi-même. On l’a vraiment respecté. » Notre période de service était de 6 mois. 59 curies. Ils nous demandaient ce qu’on leur avait apporté... En route vers la zone, nous rencontrons une vieille femme en jupe brodée et tablier, un balluchon sur le dos. Je savais que beaucoup de choses finiraient par être oubliées, par s’effacer. Selon les instructions accrochées dans chaque bureau, il fallait immédiatement informer la population et distribuer des masques et tout le reste. Comme ce dont je me souviens de mon enfance… À part ça, il y a eu une autre peur inaudible, invisible, inodore mais qui nous change physiquement et psychologiquement. Chacun demande aux autres comment ils vont. Le thème associé à ces oeuvres est : La force de vivre. Ma fille, après ses cours au conservatoire, se promenait en ville avec des amis. La plus courte : « Ils formaient un bon peuple, les Biélorusses ! En tant que femme de plume, j’ai réfléchi à ces passages. - Alexievitch, La Supplication. J’ai un sens du devoir très développé. Olga avait une petite sœur. Après la guerre, je suis rentrée du camp de concentration… J’ai survécu. Mais nous avions notre devoir, nous recevions des télégrammes du Comité central, du comité régional du parti. Mais il s’agit de Tchernobyl, littéralement, (189) ce nom signifie « la réalité noire ». Je me souviens d’images d’une grande beauté. On ne m’a même pas autorisé à faire un saut à la maison pour prévenir ma femme. Un autre était chargé de percer un trou, sur le toit, pour insérer un tuyau qui devait permettre de faire descendre les décombres. Moi, je brûlais d’envie de monter sur le toit du réacteur. Qu’ils en soient malades… Dans les premiers jours, alors qu’on n’avait pas encore montré la moindre photo, je m’imaginais déjà tout ce que cela pouvait être. Ce jour-là, le 26 avril, j’étais à Moscou, en mission. Arrêt strictement interdit. Mais c’est « je » ! Mais il m’est désormais difficile de reconstituer cet « avant » avec authenticité. Chaque jour qui passe, l’ignominie sur l’écran se fait encore plus terrible que la veille. Rien qu’aux faits ! La force de vivre. Je ne pourrai jamais monter un spectacle sur la guerre…Nous avons donné un spectacle très joyeux dans la zone de Tchernobyl. Tchernobyl a contribué à donner une bouffée d’oxygène à notre système qui allait périr. Quelques gars se sont rebellés. Les paysans n’avaient rien à faire ni du tsar, ni du pouvoir soviétique, ni des vaisseaux spatiaux, ni des centrales nucléaires, ni des meetings dans la capitale. Et je comprends que je suis la seule à aimer ce coucher de soleil. Et puis nous avons bientôt appris que l’on ajoutait de la viande contaminée justement dans ce saucisson-là car il n’était consommé qu’en petites quantités à cause de son prix élevé. 182; 1 Diagram. Voilà comment on remplissait les plans de livraison de viande. Qu’est-ce qui s’est ouvert en nous ? Je peux lutter, organiser des manifestations, des piquets de grève, chercher des médicaments, rendre visite aux enfants malades, mais je ne peux écrire. Les mots « grandiose » ou « fantastique » ne parviennent pas à tout retranscrire. On trouve dans la souffrance elle-même le sens et la raison de ce qu’on endure. Nous partageons la même mémoire, le même sort. Svetlana Alexievitch, La Supplication.Tchernobyl, chronique du monde après l’Apocalypse, in Œuvres, Actes Sud, 2015.Sauf mention particulière, les autres citations de … Avant cela, je n’avais même pas de dossier au centre médical. Ils vont continuellement à des enterrements… Résumé et citations, 8e partie, p. 176 à 199. Je lisais… J’imaginais… tout le pays a vu le film Neuf jours d’une année, consacré aux atomistes soviétiques. Selon mes calculs (j’avais déjà pu contacter un certain nombre de personnes à Moscou et obtenir des informations. Ils ne sont pas encore nés et nous avons déjà peur. À quatre kilomètres d’ici, la vie est impossible, on va évacuer la population, mais chez vous, c’est calme. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse. Pourquoi se taisent-ils ? Selon ses services, tout est normal, ici. Pourquoi je collecte tous ces détails ? On y éprouve la nostalgie de l’ordre stalinien. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Rangez votre appareil ou je le casse. Les Fausses confidences de Marivaux. Il me reprocha de semer la panique. Et maintenant, c’est mon métier. « Ne sois pas si pressé, m’a-t-on dit. À l’époque, il suffisait de survivre. On nous distribuait des tabliers de caoutchouc recouvert d’une pellicule de plomb pulvérisé. Avez-vous oublié qu’avant Tchernobyl l’atome était surnommé « le travailleur pacifique » ? Il y avait des milliers de tabous, des secrets militaires, de secrets du parti… De plus, nous avions été élevés dans l’idée que l’atome pacifique soviétique n’était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe. Pour les pensionnaires d’un orphelinat qu’on n’avait pas évacués. Nous avions foi en notre bonne étoile. Je ne veux pas allumer la télé ou lire les journaux. Les paysans n’avaient rien à faire ni du tsar, ni du pouvoir soviétique, ni des vaisseaux spatiaux, ni des centrales nucléaires, ni des meetings dans la capitale. Et ils ne parvenaient pas à croire qu’ils, à Tchernobyl : ils ne bougeaient pas pour autant…. Nous habitons ici ! Monologue sur des victimes et des prêtres : Natalia Arsenievna Roslova, présidente du comité de femmes de Moguilev, « Enfants de Tchernobyl ». Au début, nous avons tous eu la même réaction. Je ne suis pas le seul… En tant que soldat, je fermais les maisons des gens et il m’arrivait d’y pénétrer. Impossible de rien y comprendre sans l’ombre de la mort. 12. » Autour de nous, on ne parle que de la mort. Et l’odeur de la forêt me donne le vertige, je la perçois encore plus fortement que la couleur. Les hauts salaires et le secret ajoutaient au romantisme. Svetlana Alexievitch, La supplication; Ce livre vous propose 30 fiches pour réviser l'essentiel : Tout sur les auteurs en 9 fiches : pour tout savoir sur les auteurs au programme, biographies et contextes dans lesquels ils ont écrit les uvres. Il était également possible qu’un conteneur eût été endommagé pendant un transport au laboratoire radiochimique. » Vous vous rendez compte ? Dans les premiers jours, j’ai pris ma fille et me suis ruée chez ma sœur, à Minsk ; elle ne nous pas laissées entrer chez elle parce qu’elle allaitait son bébé. Je n’irai plus dans la zone alors que, avant, cela m’attirait. Les gens ont peur, mais différemment, ils ne pensent plus à une attaque des Américains ou des Allemands, mais à Tchernobyl. Le soir du même jour, la voisine nous a apporté des cachets qu’elle avait eus par l’un de ses parents qui travaillait à l’Institut de la physique nucléaire et lui avait expliqué comment les prendre. Les journaux écrivaient : « Au-dessus du réacteur, l’air est pur. Véhesse. Ces gens avaient la victoire. Nous ne sommes pas capables de la concevoir. mais des condamnés qui en veulent à l’humanité entière à cause de leurs problèmes, qui, dans la peur, qui veulent le retour du communisme…. Nous nous trouvions désormais tout près du réacteur. Tu as prêté serment, tu as embrassé le drapeau, tu es donc obligé. Mais ma fille y fait des sauts, comme si elle voulait se faire à l’idée… Nous aurions pu partir d’ici, mais mon mari et moi, nous avons réfléchi et y avons renoncé. Dans un village qui se trouvait au cœur d’une zone contaminée par le césium ! C’était une vraie internationale : des Russes, des Biélorusses, des Kazakhs, des Ukrainiens. La nature renaît mais la dépression règne. Mais vous savez déjà tout cela. On envoie un robot japonais. En passant à travers ces villages vides, on éprouve tellement le désir de rencontrer quelqu’un. Sinon, cela ne fait plus peur. Naturellement, leurs demandes n’ont pas été satisfaites. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse (en russe : Чернобыльская молитва. Il faut montrer la guerre de manière si horrible que les gens vomissent. La supplication : tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse - Svetlana Alexievitch . Je pouvais manger de la neige en guise d’eau, ne pas sortir de la rivière, l’été, plonger cent fois… Leurs enfants ne peuvent pas manger de la neige. Aujourd’hui, il est invalide au premier degré… Lorsqu’on nous a démobilisés, nous sommes montés dans les camions et l’on a traversé toute la zone en klaxonnant.